mercredi 7 août 2013


CHAM (Amédée de Noë,  dit)

1818-1879.

Le Microscope à gaz. "La Mode". 1840.


Bonjour,

On sait que Cham a commencé sa carrière d'illustrateur et de caricaturiste en 1839 quand il étudiait le dessin classique dans l'atelier de Paul Delaroche. Auparavant il avait fréquenté l'atelier de Charlet ou il s'était initié à l'art délicat de la lithographie. Par un jeu des circonstances une rencontre s'est produite entre Cham, jeune étudiant bambochard et le très influent et très actif Charles Philipon,  fondateur du journal  "La Caricature" et directeur du Charivari.


Amédée de Noë dit Cham.


Cham avait lors d'un bref passage antérieur dans l'Administration des Finances fréquenté un M. de Moncloux, sous chef de service à la Dette Publique. Celui-ci, amateur éclairé de lithographies fréquentait assidûment la Maison Aubert, Place de la Bourse.
Véritable usine à estampes,  cette entreprise co-dirigée par Madame Aubert la soeur de Philipon, éditait quotidiennement des albums, almanachs et autres croquis lithographiques. 
De Moncloux appréciant un portrait-charge réalisé en un tour de mains par Cham le présenta un soir à Philipon. Ce dernier encouragea Cham à travailler et petit à petit au fil des jours, ce dernier se mit à soumettre ébauches et esquisses à son mentor. A cette époque venait de paraître chez Aubert, deux albums de Topffer, ancêtres de la Bande dessinée. Cham s'éprend de ces compositions nouvelles, se met à esquisser dans la manière du Genevois et utilisant une plaisanterie familiale liée à la pâleur de son teint, dessine les mirobolantes aventures de M. De La Jaunisse, esquisses adoptées par Philipon.
Cette toute première oeuvre de Cham, sort chez Aubert, le 3 Août 1839. Deux mois plus tard, un autre album, La légende de M. Lamélasse, puis début 1840, une Histoire de M. Jobard. Ces trois ouvrages,introuvables sur le marché actuel de la Librairie Ancienne sont d'une grande rareté.


Charles Philipon


Les publications réussies de ce jeune artiste de vingt deux ans intéressent Le Vicomte Walsh, directeur de La Mode, journal-galerie de moeurs, album des salons. Cette revue fondée par Emile de Girardin était devenu au fil du temps, l'organe passionné et agressif du courant royaliste. On commande deux lithographies à Cham, fils d'un pair de France. En mars 1840 sort la première nommée " Un créancier trop pressé"puis le 20 Juin, une seconde planche satyrique intitulée : Le microscope à gaz. 

A ce jour, je n'ai pas encore mis la main sur ce dit créancier, ni même trouvé une reproduction pour en connaitre le figuratif. Il circule peu d'albums regroupant des lithographies de La Mode, quelques planches isolées, par ci, par là. Je viens néanmoins d'acquérir un recueil composé essentiellement de lithographies des trois P : Pruche, Platier, Plattel, bons artistes de deuxième plan très présents dans les caricatures de La Mode et au coeur du volume, par bonheur, une pépite : Le Microscope à gaz.



Le Microscope à gaz. 

A gauche dans une lumière brillante, des petits bonshommes en robe noire, bougeant comme une nuée d'insectes, certains se dévorant entre eux, d'autres amassant des sacs de pièces. A droite et en bas, des spectateurs plutôt  pensifs ou abasourdis par ce spectacle.

La Légende : Le Loquax à robe noire, se nourrit de métal tel que l'or, l'argent ou le cuivre monnoyé.
Par le microscope à gaz qui ne gaze aucune imperfection animale, on les voit s'entre-dévorer. Il fourmille dans les lieux sombres et malsains, tels que les Greffes, les Cours, les Prisons...etc..etc..

Le Microscope à gaz, invention de l'époque, était semblable à un microscope solaire mais la plaque était éclairée par un mélange oxygène-hydrogène en contact avec du carbonate de chaux, d'ou notre éclairage vif figuré dans lequel dansent et se dévorent les avocats Loquaces assoiffés d'argent. Cette légende féroce est elle de Cham ? On sait que Philipon rédigeait toutes celles de Daumier. il serait néanmoins étonnant qu'il ait donné un coup de pouce à son jeune poulain pour paraitre dans un journal qui n'était pas dans ses idées politiques. On peut raisonnablement présumer que la légende est de la main de Cham.

Il faudra attendre le 20 Décembre 1843 pour voir une nouvelle lithographie de Cham dans un organe de presse. C'est dans le Charivari, le début de la série Moeurs Algériennes-Chinoiseries Turques. Puis alors pendant 40 ans des milliers de lithos.....

Bonsoir,